1920, la bataille de Varsovie en tant que garant de la paix en Europe
Le nouvel ordre européen après la Première Guerre mondiale

La longue guerre mondiale a provoqué une crise des trois monarchies participant aux partages de la Pologne au XVIIIe siècle. Dès 1917, des défaites sur les fronts, ainsi que des troubles politiques dans le pays, conduisent à la révolution de Février en Russie et à l’abdication du tsar Nicolas II de Romanov. En octobre de la même année, les bolcheviques opèrent un coup d’État. La guerre civile embrase la Russie. À l’automne 1918, suite aux défaites militaires des puissances centrales, la monarchie multinationale austro-hongroise des Habsbourg est dissoute et l’empereur Charles Ier est déchu du pouvoir. En conséquence, une révolution éclate en Allemagne et l’empereur Guillaume II de Hohenzollern abdique en novembre 1918. La crise, voire la désintégration partielle des trois États acteurs des partages, permet de reconstruire la Pologne indépendante. D’autres pays émergent ou recouvrent leur statut d’État, à commencer par les États baltes du nord jusqu’à la région carpato-danubienne et la Transcaucasie.

Tsar Nicolas II, 1915.

La carte de l’Europe avec les frontières tracées en vertu des traités de paix, éd. Józef Bazewicz, 1920.

Guillaume II, le dernier empereur d’Allemagne et roi de Prusse, 1915.

Charles Ier de Habsbourg, le dernier souverain de l’Autriche-Hongrie.

La Finlande – le chemin de l’indépendance

Dès le début du XIXe siècle, la Finlande jouit du statut de grand-duché autonome en union personnelle avec la Russie. En raison de la crise de l’État russe, le 6 décembre 1917, le parlement finlandais proclame l’indépendance. En janvier 1918, une révolution éclate en Finlande, avec le soutien militaire des troupes bolcheviques russes. En 1918, la Finlande devient le théâtre d’une guerre civile. Après les premiers succès et la conquête du sud du pays, les forces rouges sont vaincues par les forces gouvernementales finlandaises sous le commandement du général Carl Gustaf Mannerheim, soutenu par le corps expéditionnaire allemand. La constitution de 1919 introduit un régime républicain. La guerre avec la Russie prend fin avec le traité de paix de Tartu signé en 1920. Le traité reconnaît la frontière en Carélie et attribue à la Finlande la région de Petsamo avec accès à la mer de Barents.

Gustaf Mannerheim
Fundacja Książąt Lubomirskich

Le général Carl Gustaf Mannerheim lors de la parade de la fin de la guerre, le 16 mai 1918.

Les soldats de la Garde blanche à Helsinki pendant la Première Guerre mondiale.

Le général Carl Gustaf Mannerheim à Helsinki, 1918.

Les troupes allemandes marchent le long de la ligne ferroviaire Hangø-Helsinki.

Les troupes allemandes débarquent en Finlande, 1918.

La Hongrie – un chemin difficile vers un nouvel État

La crise de la monarchie des Habsbourg intensifie les revendications d’indépendance des Croates, des Roumains, des Serbes et des Slovaques en Hongrie. En octobre 1918, le Conseil national hongrois est créé à Budapest. L’on nomme le gouvernement du Premier ministre Michály Károlyi. L’empereur Charles Ier abdique et, le 16 novembre 1918, la république est proclamée. Les revendications territoriales de l’Entente provoquent la radicalisation de la société. Le 21 mars 1919, les communistes proclament la République soviétique hongroise. Les combats avec les troupes tchécoslovaques et roumaines se poursuivent. Le 16 novembre 1919, Budapest est occupée par l’armée nationale hongroise de l’amiral Miklos Horthy. Au printemps 1920, le parlement rétablit la monarchie. Par le traité de Trianon signé la même année, la Hongrie est forcée de renoncer à plus de 70 % du territoire de l’ancien Royaume et 30 % des Hongrois se retrouvent en dehors du nouvel État. Pendant la bataille de Varsovie, la Hongrie soutient activement la Pologne avec des armes et des munitions. L’envoi d’un corps de cavalerie était également envisagé, mais il n’a pas pu physiquement rejoindre les troupes polonaises.

Le Premier ministre Mihály Károlyi. Budapest, 1918

Une unité de la cavalerie de l’Armée rouge hongroise à l’époque soviétique. 1919

La proclamation de la République devant le parlement hongrois. Budapest, le 16 novembre 1918.

La proclamation de la République devant le parlement hongrois. Le drapeau national avec un portrait de Lajos Kossuth, Budapest, le 16 novembre 1918.

Miklós Horthy entre à Budapest à la tête d’une armée nationale, le 16 novembre 1919.

Béla Kun et les officiers de l’Armée rouge hongroise passent en revue les troupes. Budapest, le 1er juin 1919.

La Tchécoslovaquie – le chemin de l’indépendance

Pendant la Première Guerre mondiale, la République tchèque et la Moravie sont les provinces de la monarchie autrichienne et la Slovaquie fait partie de la monarchie hongroise (Haute-Hongrie). Pendant la guerre, les politiciens tchèques libéraux se rangent du côté de l’Entente. En 1916, une représentation politique des Tchèques et des Slovaques sous le nom du Conseil national tchécoslovaque est établie à Paris. Des légions tchèques sont créées en France, en Italie et en Russie. L’accord tchéco-slovaque conclu en mai 1918 à Pittsburgh, aux États-Unis, entérine la création d’un État commun. Le 28 octobre 1918, la Tchécoslovaquie proclame son indépendance à Prague et, le 14 novembre, le « père de l’indépendance », Tomáš Garrigue Masaryk, revient de son exil pour occuper la fonction de présent pendant de longues années. La République tchécoslovaque intègre désormais : la République tchèque, la Moravie, la Silésie Opavienne, la Slovaquie, l’Ukraine transcarpatique et, à la suite du conflit avec la Pologne et de l’invasion tchécoslovaque en janvier 1919, la partie occidentale de la Silésie de Cieszyn, Spiš et Orava.

Tomas Masaryk.

Signature de la déclaration d’indépendance de la Tchécoslovaquie par Tomas Masaryk à Philadelphie, le 26 octobre 1918.

Tomas Masaryk proclame l’indépendance de la Tchécoslovaquie à Philadelphie.

La session du Parlement tchécoslovaque, le 1er octobre 1919.

Tomas Masaryk revient des États-Unis à Prague, 1918.

La Lituanie – le chemin de l’indépendance

La Lituanie sort de la période des partages avec un sentiment de l’autonomie nationale et des aspirations étatiques. À partir de 1915, le pays se trouve sous occupation allemande. Les aspirations des Lituaniens sont exprimées par le Conseil national (Taryba) présidé par Antanas Smetona. Le 16 février 1918, malgré l’absence de l’autonomie vis-à-vis de l’Allemagne, l’indépendance du pays est proclamée. En opposition à Taryba et à son exécutif, un gouvernement provisoire ouvrier et paysan est créé. La République socialiste lituanienne-biélorusse est instituée sous la protection de l’Armée rouge. En 1919, l’armée de Taryba, avec le soutien des Allemands, vainc les communistes et, en avril 1919, après l’expulsion des bolcheviks, les troupes polonaises entrent à Vilnius. En 1920, au cours de la période des victoires de l’Armée rouge sur les forces polonaises, les Russes restituent Vilnius aux Lituaniens. En octobre, les troupes polonaises du général Lucjan Żeligowski prennent Vilnius en simulant une rébellion. L’on crée la Lituanie centrale (avec Vilnius), incorporée à la Pologne en 1922. La question de Vilnius – capitale historique de la Lituanie, mais avec une prédominance de la population polonaise – continue de susciter des tensions dans les rapports polono-lituaniennes.

Le premier président de la Lituanie Antanas Smetona avec sa femme Sofija à l’entrée du palais présidentiel. Kaunas, avril 1919 – mai 1920.

A barrier at the border between Poland and Latvia.
Lietuvos nacionalinis muziejus

Les soldats lituaniens dans le premier train blindé Gediminas, 1920.

Les élections au Seimas constitutionnel. Alytus, les 14-15 avril 1920.

L’armée allemande se retire de Kaunas, le 11 juillet 1919.

La Lettonie – le chemin de l’indépendance

À partir du XVIIIe siècle, les terres lettones appartenaient à la Russie. Pendant la Première Guerre mondiale, une partie de la Lettonie a été occupée par les Allemands. Après la révolution de Février en Russie, des conseils de délégués ouvriers et soldats sont établis dans des territoires libres d’Allemands. Dans les années 1917-1918, la Lettonie demeure intégralement sous occupation allemande. L’on crée le Conseil populaire qui nomme le gouvernement du Premier ministre Kārlis Ulmanis. Le 18 novembre 1918, la Lettonie proclame son indépendance. Les communistes lettons s’opposent au Conseil populaire. Leurs troupes prennent le contrôle sur une partie du pays. Un gouvernement communiste formé en décembre 1918 proclame la Lettonie en tant que république bolchevique. Ce cabinet tombe à la suite d’une offensive des troupes allemandes, et le pouvoir est repris par le gouvernement d’Ulmanis. En novembre 1919, les forces allemandes, vaincues par l’armée lettone, quittent Riga. Les troupes bolcheviques occupant le Latgale s’inclinent devant les forces lettones et polonaises à l’issue des batailles de Dunebourg, menées à l’hiver 1919-1920, ce qui permet de consolider l’indépendance de la Lettonie.

Janis Balodis – le général aux commandes de l’armée lettone pendant la guerre entre la Lettonie et les bolcheviks, plus tard ministre des Affaires militaires et vice-premier ministre de Lettonie.

Janis Cakste, le premier président de la Lettonie.

La Lettonie en 1919, dessin d’Ansis Cirulis.

L’assemblée à l’usine Dzuta de Riga, le 1er mai 1917.

Łotewski Rząd Tymczasowy, 1919.
Fot. | photo Juris Bokum. Latvijas Nacionālais vēstures muzejs

Szlaban na punkcie granicznym między Polską a Łotwą.
Polona/Biblioteka Narodowa

La session de fondation du Conseil populaire letton, proclamation de la République de Lettonie, 1918.

L’Estonie – le chemin de l’indépendance

Au sein de l’Empire russe, l’identité nationale des Estoniens s’est forgée dans la résistance à la germanisation et à la russification. La révolution de Février est un événement important, à la suite duquel l’Estonie acquiert son autonomie et se dote du gouvernement présidé par Konstantin Päts. Après le coup d’État bolchevique, la politique estonienne entre dans la clandestinité et pénètre sur la scène internationale. En 1918, le pays est occupé par l’armée allemande. Le 24 février 1918, l’on profite de cette opportunité pour proclamer l’indépendance du pays. Cela n’améliore pas pour autant la situation difficile du mouvement indépendantiste qui affronte les Allemands, les bolcheviks et les Russes « blancs ». En novembre 1918, l’Allemagne reconnaît le gouvernement estonien. En novembre et décembre, l’Armée rouge occupe la majeure partie du territoire du pays, mais les forces estoniennes, sous le commandement du général Johan Laidoner, soutenue par la flotte britannique, libère toute l’Estonie avant mars 1919. L’État confirme son droit à l’indépendance en signant un traité de paix avec la RSFS de Russie à Tartu.

Jaan Poska signe le traité de paix.

Le Comité de sauvetage estonien, 1918

Un poste de garde-frontière construit pendant l’occupation allemande.

Le général de division Johan Laidoner, commandant en chef des forces armées, à son arrivée à Pskov.

Les membres du gouvernement de la République d’Estonie, le 12 décembre 1918.

Konstantin Päts prononçant une allocution lors du défilé à l’occasion du premier anniversaire de la République estonienne sur la place Peter à Tallinn.

Le gouvernement de la République d’Estonie sous la direction de Konstantin Päts.

La Roumanie – le chemin de l’indépendance

En août 1916, le Royaume de Roumanie rejoint la Première Guerre mondiale du côté de l’Entente. Les succès initiaux laissent la place aux échecs suivis par l’occupation de la majeure partie du pays. La fin de la guerre établit le statut de la Roumanie en tant que pays de la coalition victorieuse. Les nouvelles frontières sont fixées par les traités de paix signés à Saint-Germain-en-Laye (1919), Neuilly-sur-Seine (1919) et Trianon (1920). La Roumanie intègre désormais : la Transylvanie, le Banat oriental, la Bessarabie et la Bucovine, grâce à quoi le territoire du pays fait plus que le double. La population s’accroît en conséquence (les Roumains et les minorités, principalement les Hongrois, Allemands et Ukrainiens). La Roumanie mène une politique pro-française. Le système des alliances régionales devait protéger le pays contre le révisionnisme hongrois et russe. En 1921, la Pologne et la Roumanie scellent une alliance politique et militaire, qui fait écran contre les menaces venant de l’Est.

Ferdinand Ier, roi de Roumanie, vers 1920.

Józef Piłsudski, le chef de l’État (à droite), s’entretenant avec le roi roumain Ferdinand Ier, septembre 1922.

Le Kaiser et le roi roumain Ferdinand Ier discutent autour d’une carte, affiche du Comité central des organisations patriotiques nationales.

Marie, reine de Roumanie.

Les soldats roumains pendant la Première Guerre mondiale.

Les combats de la 2e Brigade sur le front oriental en Bucovine – les opérations militaires à Rarancea : les soldats dans les tranchées en Bessarabie, 1915.

L’Ukraine – le chemin de l’indépendance

La révolution en Russie mobilise les militants de la cause de l’indépendance en Ukraine. En mars, le Conseil central de l’Ukraine est créé. En janvier 1918, il proclame la création de la République populaire ukrainienne (RPU). En avril, le général Pavlo Skoropadsky forme un centre de pouvoir nommé l’Hetmanate, soutenu par l’Allemagne et ayant existé jusqu’à leur défaite. En novembre 1918, la RPU crée le Directoire appelé à diriger la lutte pour la libération. Les actions en Ukraine étaient menées par l’Armée rouge, et le pays était également un champ de bataille pour les troupes ukrainiennes, les troupes « blanches » du général Anton Dénikine, de l’ataman Nestor Makhno et des intervenants étrangers. En octobre 1918, voit le jour la République populaire d’Ukraine occidentale, mais ses forces sont expulsées par l’Armée polonaise au-delà de la rivière Zbroutch (1919). L’expédition des troupes de la RPU, en alliance avec la Pologne, sur Kiev au printemps 1920 échoue. La paix de Riga, conclue le 18 mars 1921, met un terme aux espoirs de faire naître une Ukraine indépendante. L’URSS comportait la RSS d’Ukraine avec sa capitale à Kharkiv, puis – à partir de 1934 – à Kiev.

Le 4e Universal du Conseil central de l’Ukraine – la déclaration de l’indépendance de l’Ukraine, le 9 janvier 1918.

Les négociations de la paix de Riga.

Une manifestation solennelle à l’occasion de la proclamation de l’Acte de l’unification de la République populaire ukrainienne
et de la République populaire d’Ukraine occidentale sur la place de Sofia à Kiev, le 22 janvier 1919.

La remise de la bannière de la 6e Division de Fusiliers de Sich de l’Armée de la République populaire ukrainienne par l’ataman en chef Symon Petlioura, Berdytchiv, le 21 avril 1920.

Symon Petlioura, ataman en chef de l’Armée de la République populaire ukrainienne, traversant les rues de Kiev, probablement le 19 décembre 1918.

La Géorgie – le chemin de l’indépendance

La Géorgie faisait partie de l’Empire russe depuis le début du XIXe siècle. Influencé par les événements en Russie, en mars 1918, le Seïm de la Transcaucasie proclame la création de la République fédérative de Transcaucasie. Or, en mai, elle est divisée en Géorgie, Arménie et Azerbaïdjan. Le 26 mai 1918, est proclamée l’indépendance de la Géorgie. Après l’attaque des Turcs, l’État perd une partie de son territoire. Dans la seconde moitié de 1918, le pays est occupé par l’Allemagne, puis par les forces britanniques. Les tentatives des bolcheviks de s’emparer du pouvoir en 1919 se soldent par une défaite et la RSFS de Russie conclut un traité de paix avec la Géorgie en 1920. Les troupes britanniques quittent le pays. Après que l’Armée rouge ait pris le contrôle de l’Arménie et de l’Azerbaïdjan en février 1921, les bolcheviks géorgiens nomment un gouvernement révolutionnaire et l’Armée rouge envahit le pays. La République socialiste fédérative soviétique de Transcaucasie est créée et, en son sein, la RSS de Géorgie. En 1924, l’insurrection géorgienne est réprimée. Les réfugiés mettent en place des centres de la diaspora géorgienne. Certains militaires intègrent l’Armée polonaise en tant qu’officiers contractuels.

L’acte d’indépendance de la Géorgie.

La session plénière de l’Assemblée constitutionnelle de la Première République démocratique de Géorgie.

Le Palais du gouvernement à Tbilissi.

Le bâtiment de la première représentation géorgienne en Pologne.

L’Arménie – le chemin de l’indépendance

En 1914, les terres de l’Arménie historique étaient principalement réparties entre la Turquie et la Russie. Après le déclenchement de la Première Guerre mondiale, le fait qu’une partie des Arméniens aient aidé l’armée russe a servi de prétexte à l’extermination des Arméniens en Turquie en 1915. La révolution de Février a marqué le début de l’émancipation politique des Arméniens en Russie. L’année 1918 voit la création de la République démocratique indépendante d’Arménie gouvernée par le parti Dashnak, tandis que les troupes turques occupaient la majeure partie du territoire. Le traité de Sèvres de 1920 a accordé à l’Arménie de vastes zones du Plateau arménien. La tentative de leur reprise s’est terminée par la perte d’une partie du territoire national suite à l’invasion de la Turquie conduite par Mustafa Kemal, plus tard Atatürk, qui avait bénéficié de l’aide de la Russie bolchevique. La même année, un soulèvement communiste initié en Arménie a renversé, avec le soutien de l’Armée rouge, le gouvernement démocratique de l’Arménie pour donner naissance à la RSS arménienne. Le traité conclu en 1921 entre la Russie bolchevique et la Turquie attribuait à la Turquie, entre autres, la ville de Kars et le symbole de l’Arménie – le mont Ararat.

Le gouvernement de la République d’Arménie, à partir de la gauche : Avelik Sahakian, Alexander Khatisian, le général Christophor Araratov, Nikol Aghpalin, A. Gulkandanian, S. Araradian, le 1er octobre 1919.

Les réfugiés arméniens, octobre 1918.

Les soldats arméniens escortant un groupe de prisonniers de guerre, déserteurs de l’armée arménienne, le 1er octobre 1919.

Les réfugiés arméniens avec leurs effets personnels sur la plage de la mer Noire, Novorossiysk, Russie, 1920.

Le défilé de 500 vétérans arméniens de la guerre mondiale, à Washington, le 14 avril 1920.

Le restauration de l’indépendance par la Pologne

À l’automne 1918, après 123 ans d’oppression, la Pologne retrouve son indépendance. Fin octobre, la partition autrichienne est libérée. Le 7 novembre, est créé le gouvernement de Lublin d’Ignacy Daszyński. Varsovie était un centre important du pouvoir polonais dans la zone occupée par la Russie suite aux partages. Au sortir de la révolution de Berlin, le régime d’occupation allemand s’affaiblit de jour en jour. Le 10 novembre, le brigadier Józef Piłsudski rentre à Varsovie après sa libération d’une prison de Magdebourg, pour succéder, dès le lendemain, au Conseil de régence dans l’exercice du plein pouvoir militaire et, trois jours plus tard, également du pouvoir civil. Les soldats allemands ont été désarmés dans les rues. Le 16 novembre, Piłsudski informe les gouvernements étrangers de la renaissance de l’État polonais. C’est le fruit des efforts des Polonais, quelles que soient les obédiences politique. Cet effort conjoint a permis de renforcer l’indépendance de l’État, et notamment de repousser la menace mortelle de l’invasion bolchevique à l’été 1920.

Józef Piłsudski, 1918.

Les membres du Conseil de régence : le prince Zdzisław Lubomirski, l’archevêque Aleksander Kakowski et le comte Józef Ostrowski avant l’intromission, le 27 octobre 1917.

Le désarmement des Allemands à Varsovie – les étudiants montent la faction. En arrière-plan, des soldats allemands désarmés, novembre 1918.

L’accueil de Józef Piłsudski à la gare de Vienne à Varsovie après son arrivée de Cracovie, décembre 1918.

La maison de Magdebourg où Józef Piłsudski a été emprisonné.

Ignacy Daszyński.

Les combats pour Lvov

L’éclatement de l’Autriche-Hongrie est devenu la source de luttes pour les terres avec une population mixte. L’un de ces conflits portait sur la Galice orientale avec Lvov, à laquelle aspiraient à la fois les Polonais et les Ukrainiens. Le matin du 1er novembre 1918, les troupes ukrainiennes, opérant par surprise, se sont emparées des principales installations militaires de Lvov. Les Polonais, constituant le plus grand groupe ethnique de la ville, se sont levés au combat. Les affrontements ont commencé sur le parvis de l’église St. Elizabeth, et les défenseurs établissent leur première redoute à l’école Sienkiewicz. La défense de Lvov est commandée par le capitaine Czesław Mączyński. Les jeunes défenseurs, appelés plus tard « Aiglons de Lvov », excellent dans les combats. Le sort du combat pour la ville est tranché par l’arrivée, fin novembre 1918, des secours polonais, commandés par le lieutenant-colonel Michał Karaszewicz-Tokarzewski. L’armée ukrainienne se retire de Lvov, mais jusqu’en mars 1919, elle aura maintenu la ville en état de siège.

Józef Piłsudski s’entretenant avec des officiers du front de Lvov. Le général Józef Leśniewski, le colonel Czesław Mączyński, 1919.

Un bâtiment à Lvov, détruit pendant les combats, novembre 1918.

Les jeunes défenseurs courageux du troisième tronçon.

Le véhicule blindé improvisé polonais « Józef Piłsudski » dans une rue lors de combats défensifs, novembre 1918.

Le IIIe Bataillon du Premier Régiment de Fusiliers de Lvov se repose pendant la marche.

L’insurrection de Grande-Pologne

L’insurrection de Grande Pologne est consécutive à la persistance de l’occupation des terres prussiennes instaurée à l’époque des partages, malgré la défaite de l’Allemagne pendant la Première Guerre mondiale. En raison de l’absence de concessions politiques majeures de la part des Allemands, les préparatifs militaires clandestins s’intensifient du côté polonais. Le 27 décembre 1918, après l’arrivée à Poznań de Ignacy Jan Paderewski, célèbre pianiste et militant de la cause nationale, les combats éclatent spontanément. Le soulèvement est dirigé par le Commissariat du Conseil populaire suprême. Les troupes insurgées sont commandées par le major Stanisław Taczak, puis par le général Józef Dowbor-Muśnicki. À l’issue des combats, la majeure partie de la Grande-Pologne tombe sous le contrôle des troupes insurgées. L’accord de trêve conclu à Trèves en février 1919 entérine le statu quo existant. Les décisions de la Conférence de Paris valident les clauses de cet accord. Pour les Polonais, le soulèvement se solde par un bilan d’environ 2 000 morts et 6 000 blessés.

La Mission de la Coalition à Poznań, le 2 mars 1919.

La prestation de serment par les commandants de la Défense nationale, le 23 janvier 1919.

Le major Wojtkiewicz enfonce un clou dans la bannière, Chodzież, le 1er mars 1920.

Le défilé devant la Mission de la Coalition, le 2 mars 1919.

L’Armée du général Haller

Créée en 1917, l’Armée polonaise en France, également connue sous le nom d’Armée du général Józef Haller ou d’Armée bleue, est l’héritière de la tradition de la Légion des Bayonnais polonaise, ayant existé dans l’armée française entre 1914 et 1915. L’Armée est instituée par le décret du président français Raimond Poincaré du 4 juin 1917. Le contrôle politique de l’Armée est confié au Comité national polonais. L’Armée se compose de milliers de Polonais des États-Unis, du Canada, du Brésil, des camps de prisonniers de guerre d’Italie, de France et de Grande-Bretagne, d’unités russes en France et même de Chine. À partir de juin 1918, des unités de l’Armée polonaise combattent contre les Allemands. En octobre, le général Józef Haller, venu de Russie, est nommé Commandant en chef de l’Armée. Dès avril de l’année suivante, les unités de l’Armée polonaise comptant environ 70 000 soldats, munies d’équipements modernes, dont notamment 90 avions et 120 chars, arrivent en Pologne et rejoignent les combats pour la sauvegarde des frontières de la République.

L’accueil de Józef Haller à Varsovie, 1919.

Les soldats de l’Armée polonaise en France au camp de Sillé-le-Guillaume.

Salle commune au camp de Sillé-le-Guillaume, août 1918.

Les soldats avec une bannière conçue par Ksawery Dunikowski.

L’accueil de l’Armée polonaise rentrée au bercail, avril 1919.

Le général Józef Haller prête serment en tant que commandant en chef de l’Armée polonaise en France.

La Conférence de Paris et le Traité de Versailles

L’établissement des règles de l’ordre international après la Première Guerre mondiale a été confiée à Conférence de paix de Paris. Cinq puissances y ont joué un rôle décisif : les États-Unis, le Royaume-Uni, la France, l’Italie et le Japon. Les États perdants n’ont été admis qu’à un stade ultérieur des délibérations. La Russie bolchevique n’a pas participé à la conférence. La Pologne était représentée par une délégation dirigée par Ignacy Jan Paderewski et Roman Dmowski. La Conférence accouche du Traité de Versailles, signé le 28 juin 1919 dans la Galerie des Glaces du Château de Versailles, la même où l’Empire allemand fut proclamé en 1871. Les signataires du Traité décident de la création de la Société des Nations. Le Traité spécifie les modalités de la restitution par l’Allemagne d’un certain nombre de territoires en Europe, y compris sur le sol polonais, ainsi que dans les colonies. De plus, l’Allemagne se voit imposer des restrictions relatives aux effectifs des corps d’armée et l’obligation de payer des réparations. La destruction du système de Versailles a été due principalement aux aspirations revanchardes du Reich allemand et à la complicité de l’URSS, en particulier dans les années 1939-1940.

Roman Dmowski
Narodowe Archiwum Cyfrowe

Le président de la République française Raymond Poincaré prononçant une allocution inaugurale à la Conférence de paix de Paris au Salon de l’Horloge, au siège du ministère français des Affaires étrangères, le 18 janvier 1919.

Les représentants des pays de l’Entente après la signature du Traité. Au premier plan, entre autres : le président américain Thomas Woodrow Wilson (1er à gauche), le Premier ministre français Georges Clemenceau (au centre), le ministre britannique des Affaires étrangères Arthur James Balfour (2e à droite), Paris, le 28 juin 1919.

La réunion du Conseil des Quatre après la signature du Traité. À partir de la droite : le président américain Thomas Woodrow Wilson, le Premier ministre français Georges Clemenceau, le Premier ministre italien Vittorio Orlando, le Premier ministre anglais George David Lloyd, Paris, le 28 juin 1919.

Ignacy Paderewski
Narodowe Archiwum Cyfrowe

La Mission militaire française en Pologne

Le contrat établissant la Mission militaire française en Pologne est conclu le 25 avril 1919, à la suite de concertations conduites dès janvier et février de cette année. Plusieurs centaines d’officiers de la Mission arrivent en Pologne avec les troupes de l’armée du général Haller. Les tâches de la Mission sont axées sur un certain nombre de domaines principaux. L’importance capitale est accordée à la coopération avec le Gouvernement de la République de Pologne en matière de formation et d’entraînement de l’armée, élaboration de règlements et de procédures de son fonctionnement. L’activité de la Mission comprend en outre une aide à la création d’autorités militaires et à la mise en place d’une structure appropriée des forces armées. La valeur de ce soutien ne peut être surestimée, notamment au regard du déficit de formation de certains officiers polonais, ainsi que de la situation difficile de la République de Pologne, prise en étau entre la Russie bolchevique et l’Allemagne. Durant la première période de son existence, la fonction de chef de la Mission a été occupée par les généraux suivants : Paul Henrys (1919-1920), Henri Niessel (1920-1921) et Charles Dupont (1921-1926).

Le colonel Louis Faury, chef du bureau de formation de la Mission.

Le lieutenant-colonel Happe anime un cours à l’atelier de dessin de l’École militaire supérieure.

Un officier français (lieutenant-colonel Béreaud ?) dispense un cours basé sur l’étude du cas de la guerre franco-prussienne de 1870-1871, accompagné d’un interprète.

Józef Piłsudski et le général Paul Henrys lors de leur visite à l’école militaire de Dęblin, le 10 juin 1919.

Des officiers et leurs professeurs français penchés sur l’élaboration de tâches tactiques, dans un wagon adapté à cet effet.

La Mission militaire française en Pologne

La réalisation des tâches principales de la Mission militaire française était assurée par sa 2e Division. Ses compétences couvraient la prestation de conseils techniques et une assistance en matière militaire au bénéfice de la IIe Division de l’État-major de l’Armée polonaise. La 2e Division de la Mission était divisée en diverses sections, spécialisées notamment en études militaires, études politiques et propagande, services d’information et presse écrite. En outre, la Mission s’intéresse aux questions liées à l’activité de l’Armée rouge, ainsi qu’au cryptage. La Mission militaire française a joué un rôle important pendant la guerre polono-bolchevique, en offrant un réel soutien, non seulement au combat, mais aussi dans l’équipement des troupes polonaises. Ses officiers élaborent, entre autres, des plans de situation, caractérisant les conditions sur le front. La Mission a rapporté, par exemple, des mouvements de l’Armée rouge au lendemain de la bataille de Varsovie. Le fonctionnement de la Mission a contribué au développement de relations amicales entre les armées et les peuples de Pologne et de France. Cela a fourni une base solide pour l’alliance politique et militaire des deux pays, conclue en 1921.

Le général Haller et les officiers français avec un détachement de la 3e Division de fusiliers de l’Armée polonaise en France, le 19 juillet 1919.

Un groupe d’aviateurs près de l’avion français Caudron G2, 1920.

Józef Piłsudski avec le général Paul Henrys, entourés d’officiers. Derrière le Commandant en chef, l’on aperçoit le général Kazimierz Sosnkowski, le 19 mars 1920.

Une conférence pendant les combats. Sur la photo figurent, entre autres, le Commandant en chef Józef Piłsudski, le général Paul Henrys, le général Edward Rydz-Śmigły, printemps 1920.

Les combats et la paix temporaire sur le front de Lvov

L’expulsion des troupes ukrainiennes de Lvov à la fin de novembre 1918 n’a pas mis fin aux combats dans la zone litigieuse de la Galice orientale. De féroces batailles avec les forces de la République populaire d’Ukraine occidentale se sont poursuivies fin novembre début décembre 1918, y compris dans la région de Khyriv. La pression des forces ukrainiennes sur Lvov persistait. La ville a été bloquée et bombardée par des tirs d’artillerie. Le front de Volhynie était une extension du front galicien. Fin janvier début février 1919, les troupes polonaises y prennent le contrôle de Volodymyr-Volynsky et de Kovel. Dans la seconde quinzaine de janvier 1919, après une série de violents combats, le front de Galice orientale est au point mort. C’est la période d’une trêve temporaire, forcée par la médiation des pays de l’Entente, résultant notamment de la politique anti-bolchevique des Alliés et de l’attitude de soutien face à la Russie « blanche ». Les troupes polonaises présentes sur le front en Galice orientale sont commandées d’abord par le général Tadeusz Rozwadowski, puis par le général Wacław Iwaszkiewicz.

Le général Rozwadowski s’adresse aux distingués.

Les habitants de Lvov remettent au général Wacław Iwaszkiewicz un sabre historique en signe de gratitude pour la libération de la ville, 1919.

Décoration des défenseurs de Lvov de la Croix de guerre Virtuti Militari par le général Rozwadowski.

Les soldats des Légions polonaises en Volhynie, le 16 juin 1919.

Le Comité pour la rénovation de l’église St. Elizabeth dans les ruines de l’église.

Delegacja konferencji pokojowej w Paryżu, przysłana z ramienia Ententy do Lwowa w lutym 1919 r.
Biblioteka Śląska

Offensive dans la région de Vilnius et en Galice orientale

Après la retraite des forces allemandes, l’armée bolchevique pénètre dans les territoires lituaniens-biélorusses. Le gouvernement de la Biélorussie indépendante est renversé. Après la prise de Vilnius, la RSS de Lituanie-Biélorussie est proclamée. En février 1919, les troupes polonaises du Front lituanien-biélorusse lancent une contre-offensive. Après la prise de Slonim et Pinsk début mars, en avril 1919 les troupes polonaises entrent à Vilnius. En mars 1919, les Polonais repoussent l’offensive ukrainienne contre Lvov et éloignent les troupes de l’Armée ukrainienne de Galicie de la ville. Le cours des événements est renversé en mai, lorsque l’armée polonaise, appuyée par des unités de l’Armée polonaise de France, lance une offensive. En Pocutie, les forces ukrainiennes sont également combattues pat les troupes roumaines. À la mi-juillet, les troupes polonaises auront occupé toute la zone s’étendant jusqu’à la rivière Zbroutch. En novembre 1919, l’Entente accorde à la Pologne un mandat de 25 ans sur la Galice orientale. Ce n’est que plus tard que ce statut est remplacé par la reconnaissance de la souveraineté de la Deuxième République polonaise sur cette zone.

Le général Henrys et des officiers polonais pendant l’hymne à la gare de Minsk Litewski, mars 1920.

L’appel de Józef Piłsudski « Aux habitants de l’ancien Grand-Duché de Lituanie », lancé le 22 avril 1919.

Le général Lucjan Żeligowski après l’entrée des troupes polonaises à Vilnius, 1920.

L’appel du général Edward Rydz-Śmigły aux citoyens de Vilnius à l’occasion de l’entrée de l’armée polonaise dans la ville, le 21 avril 1919.

La revue des troupes polonaises sur la place du marché de Minsk Litewski par le général Henrys avant l’expédition de Kiev, mars 1920.

La Commission de la Société des Nations dans la caserne du régiment, lors de l’entrée des troupes polonaises à Vilnius. Sur la photo figurent, entre autres, le général Lucjan Żeligowski, le major Stanisław Bobiatyński – commandant de la ville, le lieutenant-colonel Jerzy Wołkowicki, 1919.

Les insurrections de Silésie

La Conférence de Paris de 1919 n’a pas tranché sur l’appartenance de la Haute-Silésie. L’on envisageait d’y conduire un plébiscite. Les Polonais de Silésie y réagissent en proclamant une grève, et le 17 août 1919, éclate la première insurrection de Silésie, rapidement réprimée. Après le retrait des troupes allemandes et l’arrivée des troupes alliées en Haute-Silésie, commencent les préparatifs du plébiscite. Dans l’ambiance dominée par les tensions, la deuxième insurrection de Silésie éclate dans la nuit du 19 au 20 août 1920. Avec un bilan de 9 poviats pris, l’insurrection s’éteint au bout d’une semaine. Le 20 mars 1921, a lieu le plébiscite. En raison de l’admission au vote de personnes résidant en dehors de la Silésie, mais nées dans cette région, principalement des Allemands, seuls 40,3 % des électeurs choisissent la Pologne. À la suite de la division de la Silésie, défavorable à la Pologne, la troisième insurrection de Silésie éclate dans la nuit du 2/3 mai 1921 pour remporter une victoire. En conséquence, la Pologne reçoit 29 % de la superficie, y compris les territoires économiquement précieux, ainsi que 46 % de la population de la zone couverte par le plébiscite.

La carte reflétant les résultats du plébiscite en Haute-Silésie, 1921.

Józef Rymer, le premier voïvode silésien, signe l’acte de transfert du poviat de Rybnik à l’État polonais après l’achèvement de la répartition des terres de la Haute-Silésie entre la Pologne et l’Allemagne, le 3 juillet 1922. Sous l’œil des inspecteurs de poviat délégués par la Commission interalliée du gouvernement et du plébiscite en Haute-Silésie – le colonel italien Demetrio Asinari di Bernezzo adjoint, le capitaine français Lalanne.

Un poste français à Katowice. Un char français Renault FT-17 entouré d’une foule de badauds, 1921.

La cérémonie de signature du protocole de prise de contrôle par les autorités polonaises du poviat de Katowice tenue, après l’achèvement de la répartition des terres de Haute-Silésie entre la Pologne et l’Allemagne, avec participation des inspecteurs alliés de poviat délégués par la Commission interalliée de gouvernement et de plébiscite en Haute-Silésie et de représentants des autorités de la Haute-Silésie. Katowice, le 19 juin 1922.

La 3e insurrection de Silésie – une unité des insurgés à Rybnik. Des volontaires munis de fusils, 1921.

La préparation des listes et des bulletins de vote lors du plébiscite en Silésie, 1921.

Les batailles de Dunebourg

En août 1919, après les combats en Biélorussie, l’armée polonaise, commandée par le général Edward Śmigły-Rydz, entreprend des opérations visant le bassin de la Dvina. La route était barrée d’un obstacle – une forteresse tenue par l’Armée rouge et un centre de communication à Daugavpils (fr. Dunebourg), la principale ville du Latgale, dans l’ancienne Livonie polonaise. Le 27 septembre 1919, la 1ère Division d’infanterie des Légions lance son assaut, appuyée par vingt chars français. Au cours de la bataille de deux jours, les Polonais ont pris le contrôle de Dunebourg, avec un bilan de près de 300 tués et blessés.

Le général Edward Śmigły-Rydz accompagné d’un officier, un panorama de Dunebourg au loin, janvier 1920.

Un char français Renault FT-17 près de Dunebourg, 1919.

Une vue de la ville de Dunebourg, janvier 1920.

La construction d’un pont flottant par des unités techniques de la 1re Division des Légion sur la Dvina près de Dunebourg, 1919.

L’Armée polonaise en Lettonie pendant l’opération « Hiver », janvier 1920.

Les batailles de Dunebourg

En décembre 1919, le gouvernement letton demande à la Pologne de l’aider à libérer le Latgale. Józef Piłsudski confie cette tâche au général Edward Śmigły-Rydz. 30 mille soldats polonais et 10 mille soldats lettons sont affectés à l’opération « Hiver ». Les combats contre l’Armée rouge se déroulent à des températures allant jusqu’à moins 30 degrés Celsius.
Après la prise de Dunebourg le 3 janvier 1920, tout le Latgale est libéré avant début février. La fraternité des armes est devenue le fondement des relations de bon voisinage entre la Pologne et la Lettonie.

Un poste de la mitrailleuse Hotchkiss 1914 près de Dunebourg, janvier 1920.

Les funérailles des soldats tombés à Dunebourg, 1919.

Les chars français Renault FT-17 près de Dunebourg, 1919.

L’Armée polonaise en Lettonie pendant l’opération « Hiver », janvier 1920.

Les officiers du 1er Régiment d’Infanterie des Légions après l’attaque contre une tête de pont près de Dunebourg, 1919.

Le « Bataillon de la mort » de Poznań commandé par le lieutenant Kalinowski dans la forteresse de Dunebourg, janvier 1920.

L’offensive polono-ukrainienne et prise de Kiev

Après avoir vaincu les armées de la Garde blanche début de 1920, la Russie bolchevique se prépare à en découdre avec la Pologne. En février, le front occidental de l’Armée rouge est créé. Afin d’anticiper la menace, le 21 avril 1920, l’exécutif polonais conclut un pacte avec le gouvernement ukrainien d’ataman Symon Petlioura. La convention militaire signée porte sur la coopération de l’armée ukrainienne avec l’armée polonaise. Le 26 avril 1920, débute l’expédition polono-ukrainienne à Kiev. Son but est la création d’une Ukraine indépendante, élément d’une politique anti-bolchevique voué à contrecarrer les tendances impériales de la Russie. L’un des objectifs militaires consiste à provoquer la concentration des forces bolcheviques en Ukraine et à les démanteler. Le 7 mai, les premières troupes polonaises entrent dans la capitale ukrainienne. Cependant, en raison d’un soutien insuffisant en Ukraine, l’expédition de Kiev n’a pas atteint son objectif politique.

La rencontre d’ataman Symon Petlioura et du général Edward Śmigły-Rydz à la gare de Kiev, le 10 mai 1920.

Une caravane de chariots transportant des munitions destinées à l’Armée des volontaires à Kiev, 1919.

Le pont près de Kiev, détruit par les bolcheviks, 1919.

Le général Henri Albert Niessel, chef de la mission militaire française en Pologne, décore les défenseurs de Lvov. Lvov, 1923.

Le général Antoni Listowski lors d’une conversation avec l’ataman Symon Petlioura, avril 1921.

L’offensive bolchevique

A défaut d’un soutien appuyé de la part du mouvement de Petlioura, les forces polonaises n’ont pas été en mesure de démanteler les troupes bolcheviques en Ukraine. Elles ont également été incapables de briser leur concentration en Biélorussie. Le 14 mai, la grande offensive de l’Armée rouge y débute. Après l’arrivée de la Première armée de cavalerie de Semion Boudionny, l’offensive bolchevique se déploie également en Ukraine. Le 5 juin, le front est rompu près de Samhorodok. Le 10 juin, les troupes polonaises quittent Kiev. Avant début juillet, l’armée polonaise aura reculé de 150 à 250 kilomètres sur le front ukrainien. Le 4 juillet, une nouvelle offensive bolchevique est lancée sur l’axe Vilnius-Varsovie. La retraite de l’armée polonaise se poursuit. Le 10 juillet, le commandant du front occidental de l’Armée rouge, Mikhaïl Toukhatchevski, donne l’ordre d’attaquer Varsovie. Le but est de démanteler l’armée polonaise et de traverser la Vistule. Le 12 août 1920, les unités de l’Armée rouge entrent en combat avec les forces polonaises dans la zone tête de pont de Varsovie.

Le général Tadeusz Rozwadowski lors d’une revue du front près de Varsovie, août 1920.

La construction de tranchées près de Varsovie, aux alentours de Praga, juillet 1920.

La propagande anti-bolchevique à Varsovie, été 1920.

L’arrivée des sœurs de charité belges en Pologne, 1920.

Les bolcheviks se rendant à une réunion, été 1920.

Une patrouille bolchevique près de Varsovie, août 1920.

La fraternité d’armes polono-américaine

Un rôle important dans la guerre de 1920 revient aux aviateurs américains qui, en participant aux combats pour une Pologne indépendante, s’acquittaient, à leurs yeux, d’une « dette d’honneur » à la nation polonaise. Cette dette remontait XVIIIe siècle, à l’époque de la guerre d’indépendance américaine, menée avec le soutien de volontaires polonais Tadeusz Kościuszko et Kazimierz Pułaski. Mortellement blessé en 1779, Pułaski est accompagné dans ses derniers jours par le colonel John Cooper, l’arrière-grand-père de Merian Cooper, l’initiateur de la mise en place d’une unité militaire composée de pilotes américains pour soutenir l’armée polonaise. Tête-brûlée pleine d’imagination, cet idéaliste passionné natif de Floride a trouvé le soutien à son projet auprès de Józef Piłsudski et du général Tadeusz Rozwadowski, chef de l’État-major de l’Armée polonaise.

Le monument à Kazimierz Pułaski à Washington, DC.

Le monument à Tadeusz Kościuszko à Humboldt Park à Chicago (à partir de 1978 à Burnham Park), dévoilé en 1904 et financé par les fonds d’Ignacy Jan Paderewski, pianiste de renommée mondiale et l’un des pères de l’indépendance polonaise, Premier ministre du gouvernement polonais et ministre des Affaires étrangères (du 16.01 au 9.12.1919).

Zaprzysiężenie dowódców Obrony Krajowej, 23 stycznia 1919 r. / Fot. Kazimierz Greger. Wielkopolskie Muzeum Niepodległości

La lettre de Merian Cooper à Józef Piłsudski dans laquelle l’Américain propose de le laisser intégrer l’armée polonaise, le 29 avril 1919. Le capitaine Merian Cooper y expose les motifs de sa décision (son ancêtre servit dans l’armée américaine avec Kazimierz Pułaski et ils combattirent côte à côte dans la bataille de Savannah) ainsi que le cours de sa carrière militaire.

Merian Cooper dans un uniforme polonais pendant la guerre de 1920 / Domaine public

L’étoile de Merian Cooper sur le Walk of Fame à Hollywood.

7. L’Escadrille de chasse Tadeusz Kościuszko

Le recrutement dans l’unité des volontaires américains débute à l’été 1919 à Paris. Il est dirigé par Merian Caldwell Cooper (1893-1973) et Cedric Fauntleroy (1891-1963), pilotes de l’American Expeditionary Force qui ont combattu en Europe en 1918. Les premiers à signer les contrats de service dans l’armée polonaise sont : le major Cedric Fauntleroy, le capitaine Merian Cooper, le lieutenant George Crawford, le lieutenant Edward Corsi, le lieutenant Carl Clark, le lieutenant Kenneth Shrewsbury, le sous-lieutenant Edwin Noble et le capitaine observateur Arthur Kelly. Le 26 août 1919, à l’hôtel Ritz de Paris, le Premier ministre du gouvernement polonais, Ignacy Jan Paderewski, fait ses adieux aux 8 volontaires recrutés dans l’unité et s’apprêtant à partir pour la Pologne. Après leur arrivée en Pologne, les Américains rencontrent Józef Piłsudski au Palais du Belvédère (le 14 octobre 1919), puis se rendent à Lvov pour y intégrer les rangs de la 7e Escadrille de chasse Tadeusz Kościuszko. En sa qualité d’officier le plus haut gradé, Fauntleroy prend le commandement de l’Escadrille. Cooper devient son adjoint.

Le capitaine Stanisław Ratomski – pilote du 2e Régiment aérien à Cracovie et l’avion Ansaldo A-1 Balilla qu’il a piloté sur la route Cracovie-Bucarest.

L’avion Albatros D.III, un biplan monoplace à cabine ouverte, produit en série depuis 1917 dans l’usine allemande de Piła et, en version améliorée, par la société autrichienne Oeffag. Les pilotes polonais ont repris ces avions à la fin de la Première Guerre mondiale et les ont utilisés pendant la guerre polono-bolchevique en 1919-1920.

Les premiers volontaires américains de l’Escadrille Kościuszko : Fauntleroy, Cooper, Corsi, Crawford, Shrewsbury, Clark, Rorison, Noble.

La Mission militaire de l’Entente à Lvov en avril 1919 ; en position assise : le capitaine W. H. Maule (Angleterre), le colonel Ernest de Renty (France), le colonel Caziarc (États-Unis), le colonel Tonini (Italie), le capitaine Skowroński. Debout : l’ingénieur lieutenant Stanisław Szczepanowski, le capitaine Merian Coldwell Cooper (États-Unis), le lieutenant ingénieur Kazimierz Miński, le lieutenant Guerrini (Italie), le lieutenant Horodyski.

Cedric Fauntleroy (1890-1963) – aviateur militaire américain, colonel, pilote de l’armée polonaise, premier commandant de l’Escadrille Kościuszko, chevalier de l’ordre Virtuti Militari.

L’emblème de l’Escadrille Kościuszko conçu par le lieutenant Elliott Chess. Il a servi de canevas à l’emblème de la 303e Escadrille de chasse ayant combattu dans la bataille d’Angleterre.

La liste des membres de l’Escadrille Kościuszko, avec indication des blessés et tués pendant la guerre de 1920 – ordre par grade militaire tel que détenu en mai 1921.

Les Américains dans la lutte pour une Pologne indépendante

Les Américains ont d’abord formé des pilotes polonais. En avril 1920, Józef Piłsudski accepte de les transférer sur le front galicien et de les joindre le combat. Les pilotes effectuent des vols de liaison entre Lvov et Ternopil, et pendant l’offensive polonaise à Kiev – des vols de reconnaissance et d’assaut. Au cours de ceux-ci, ils utilisent une technique d’attaque innovante qui sème la panique dans les rangs de l’armée bolchevique – un tir continu le long de la colonne ennemie en marche depuis une très faible hauteur. Les pilotes américains s’illustrent dans les affrontements avec l’Armée de cavalerie chevaux de Semion Boudionny en août 1920, la harcelant avec des raids aériens et causant de graves pertes dans les combats menés autour de Lvov. L’avion du capitaine Cooper est abattu lors d’un des vols près de Rivne en Volhynie. Capturé par les Soviétiques, le pilote passe par plusieurs camps de travaux forcés. ll s’évade de la prison et retourne en Pologne via Riga en mai 1921. Le 10 mai 1921, Józef Piłsudski décerne à 9 pilotes la Croix d’Argent de Virtuti Militari lors d’une réunion au Palais du Belvédère et en décore 4 autres d’une Croix de la Valeur. Le 11 mai 1921, les aviateurs américains sont démobilisés.

La cérémonie de décoration des officiers par le chef de l’État, Józef Piłsudski de la croix Virtuti Militari de 5e classe, à partir de la gauche : le général Tadeusz Jordan Rozwadowski, le général Stanisław Haller, le colonel Tadeusz Piskor, le colonel Cedric Errol Fauntleroy – commandant de la 7e Escadrille aérienne T. Kościuszko, devant le bâtiment de l’État-major de l’Armée polonaise, place Saski, le 14 septembre 1920.

Le personnel de la Croix-Rouge américaine dirigée par le colonel Walter C. Bailey, devant le siège de l’organisation à Varsovie, mai 1919.

La bataille de Zadwórze, appelée « les Thermopyles polonaise », livrée le 17 août 1920, oppose les troupes polonaises des défenseurs de Lvov commandées par le capitaine Bolesław Zajączkowski et les bolcheviks de la Première armée de cavalerie de Semion Boudionny. Les polonais l’emportent mais le bilan des pertes est extrêmement lourd (318 défenseurs de la ville sur 330 sont morts) – le tableau de Stanisław Kaczor-Batowski, 1929.

Semion Boudionny

La mémoire et la légende

Pendant la guerre polono-bolchevique, 21 Américains servent dans l’Escadrille Kościuszko. Trois aviateurs d’outre-mer sont morts : le lieutenant Edmund Pike Graves périt lors d’un spectacle aérien organisé à Lvov le 22 novembre 1919, le capitaine Arthur H. Kelly – lors d’un vol de combat sur la route Loutsk-Klevan le 15 juillet 1920, et le lieutenant George MacCallum – lors des batailles de Lvov le 31 août 1920. Ils sont tous inhumés au cimetière des Défenseurs de Lvov. La Deuxième République de Pologne se souvient des héroïques Américains. Les faits d’armes des aviateurs américains sont commémorés par un monument érigé grâce aux efforts de l’Association nationale polonaise de Chicago au cimetière de Łyczaków à Lvov, officiellement dévoilé le 30 mai 1925. En 1930, Leonard Buczkowski réalise le film de guerre « L’Escadrille étoilée » qui fait le récit des combats de 1919-1921 du point de vue d’un groupe polonais de pilotes américains. Les copies de ce métrage, probablement détruites ou emportées en 1945 par l’Armée rouge, n’ont pas été sauvegardées.

Order Virtuti Militari przyznany przez Józefa Piłsudskiego Merianowi Cooperowi.
The Józef Piłsudski Institute Archives in America, the Legacy of Merian Coop

La distinction de défenseur de Lvov pendant la guerre polono-ukrainienne (les 1-22 novembre 1918) décernée à Merian Cooper, qui, en tant qu’aviateur américain, a participé à la mission d’aide alimentaire pour les défenseurs de Lvov.

Croix de la vaillance décernée à Merian Cooper pour sa participation à la guerre polono-bolchevique.

Le badge de pilote de champ remise à Merian Cooper.

Célébrations en l’honneur des aviateurs américains morts pour la défense de la Pologne. Dépôt d’une couronne au monument de Lvov. Au 1er rang, premier à partir de la droite : le général Jan Thullie, chef du Commandement du District général « Lvov » et, à partir du 23 août 1920, commandant de l’état-major du front sud dans la guerre polono-bolchevique, 1926.

L’emblème de l’Escadrille Kościuszko.

Les membres de l’Association nationale polonaise d’Amérique lors d’un voyage à Lvov. Les participants du voyage devant le monument aux pilotes américains au cimetière des Défenseurs de Lvov, où ils ont déposé une gerbe, 1926.

Le destin d’après-guerre des héros américains

Le 10 mai 1921, le co-organisateur de l’Escadrille Kościuszko et son premier commandant, Cedric Fauntleroy, est démis de ses fonctions au sein de l’armée polonaise, à sa propre demande. En reconnaissance de ses mérites exceptionnels, il est promu au grade de colonel. De retour aux États-Unis, il collabore avec Ignacy Jan Paderewski et les communautés polonaises pour la cause de la Pologne. Il a été l’un des fondateurs de la Fondation Kosciuszko à New York, institution active jusqu’à présent, œuvrant pour la promotion de la science et de la culture polonaises aux États-Unis.
Merian Cooper est retourné dans son pays natal pour devenir cinéaste et réalisateur de films documentaires à Hollywood. Son rôle dans le film « King Kong » (1933), dans lequel Cooper joue le rôle du pilote d’un avion attaquant le singe géant, lui vaut une immense popularité. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il soutient les Polonais et poursuit ses contacts avec les communautés polonaises, y compris avec la célèbre 303e Escadrille de chasse en Angleterre, qui perpétue les traditions de l’Escadrille Kościuszko.

Affiches de la plus célèbre production hollywoodienne de Cooper, le film « King Kong », 1930.

Uroczystości zorganizowane w Chicago
ku czci pułkownika Cedrica Fauntleroy,
14 listopada 1920 r. – pierwsza strona programu.

La déclaration de reconnaissance de Merian Cooper comme mort en septembre 1918 après que son avion a été abattu en territoire occupé par les Allemands ; en fait, Cooper a survécu et a été fait prisonnier par les Allemands.

Une affiche de projection de « King Kong » de Cooper au cinéma Casino de Pinsk, 1938.

Une scène du film « King Kong » de Merian Cooper.

L’ordre déclenchant la bataille de Varsovie

Le concept général de la bataille de Varsovie est le fruit des réflexions de Józef Piłsudski. Il étoffe les grandes lignes du plan lors d’une discussion avec le chef de l’État-major, le général Tadeusz Rozwadowski. Il envisage d’effectuer un mouvement de flanc ciblant les troupes du front occidental de l’Armée rouge les plus avancées vers l’ouest. La tâche principale devait être exécutée par l’armée de manœuvre. Le point de concentration de celle-ci est fixé dans la zone située au-delà de rivière Wieprz qui se jette dans la Vistule, près de Dęblin. Le 6 août, est donné l’ordre déclenchant la bataille.
Le conseiller du chef de l’État-major, le général français Maxime Weygand, dont les observations ont été prises en compte dans l’élaboration du plan, livre ses souvenirs avec beaucoup de tact : « Mon rôle, ainsi que celui des officiers de la Mission française, s’est limité à combler quelques lacunes dans les détails de l’exécution. Nous avons coopéré avec la meilleure volonté dans cette tâche. Rien de plus. C’est l’héroïque nation polonaise qui s’est assurée elle-même son salut ».

Le général Tadeusz Rozwadowski.

L’ordre n° 71 déclenchant la bataille, émis par le général Tadeusz Rozwadowski le 14 août 1920.

Le général Rozwadowski, commandant des Forces armées, donne les derniers ordres à l’officier accompagnant les journalistes en route vers Minsk, aux côtés du général Weygand.

Une relève de la garde par des membres de la garde civique à Varsovie, août 1920.

Les membres de la Croix Blanche préparent des colis pour les soldats au front, Varsovie 1920.

Le général Józef Haller prend connaissance de la situation des combats au front, août 1920.

Le général Maxime Weygand au palais de Krasinski, entouré de cadeaux et de billets de félicitations que les Polonais lui ont adressés en signe de gratitude pour son aide dans la victoire de la bataille de Varsovie.

La bataille de Varsovie – le premier jour

Le matin du 13 août 1920, l’armée bolchevique, en suivant la directive de Mikhail Toukhatchevski, lance une attaque visant à prendre Varsovie. A cet effet, il est prévu de forcer la ligne de la Vistule à plusieurs endroits. Dans la matinée de la même journée, les troupes bolcheviques lancent une attaque infructueuse sur Radzymin, au nord-est de Varsovie. Le soir, les troupes de l’Armée rouge réussissent néanmoins à briser la défense polonaise, à s’emparer de Radzymin et d’ouvrir une brèche dans la formation polonaise. Ainsi débutent les combats sanglant de trois jours pour Radzymin, qui fait désormais partie de la légende de la bataille de Varsovie. Le 13 août, dans la matinée, le maréchal Józef Piłsudski se met au travail au Quartier général du Commandant en chef au palais de Czartoryski à Puławy, pour préparer une attaque planifiée au préalable. Il supervise personnellement la concentration du groupe de manœuvre. C’est l’assaut donné par ce groupe qui décidera, quelques jours plus tard, de la victoire à la bataille de Varsovie, mais aussi du sort de la Pologne et de l’Europe.

Des fils barbelés près de Varsovie, août 1920.

Une pièce de la maison à Irena, où le Commandant en chef Józef Piłsudski a donné les instructions de combat aux commandants des armées : le général Edward Śmigły-Rydz et le général Leonard Skierski lors de la bataille de Varsovie, le lieu le 13 août 1920.

Les soldats polonais au poste de mitrailleuse pendant les combats sur la route près de Radzymin, août 1920.

Les soldats polonais en position pendant les combats près de Radzymin, août 1920.

La bataille de Varsovie – le deuxième jour

Les combats se poursuivent au nord, au nord-est et à l’est de la capitale polonaise. Dans la matinée, les troupes bolcheviques réussissent à élargir la brèche au nord-est de Varsovie en prenant Majdan, Leśniakowizna et Ossów. L’aumônier du 236e Régiment volontaire d’infanterie, le père Ignacy Skorupka, meurt au combat lors de la contre-attaque près d’Ossów. Sur la rivière Wkra, au nord-est de Modlin, l’armée bolchevique se prépare à traverser la Vistule et à contourner Varsovie par le nord et l’ouest – ce stratagème est inspiré de la manœuvre faite par les troupes tsaristes lors du soulèvement national polonais de 1831. Pour empêcher l’Armée rouge de s’emparer de la banlieue menacée Praga, les forces polonaises de la 5e Armée du général Władysław Sikorski entament des opérations au nord-est de Modlin. Les troupes bolcheviques se trouvant plus au nord initient des combats en vue de traverser la Vistule dans la zone entre Nieszawa et Włocławek. Ce jour-là, certains offices et légations étrangères sont évacués de Varsovie à Poznań.

Le général Jan Rzadkowski au front près de Radzymin, août 1920.

La manipulation de la lourde mitrailleuse 7,62 mm Colt 1895/14 au poste près de Stara Miłosna, 1920.

Le général Władysław Sikorski s’entretient avec le commandant du régiment avant le début de l’attaque de la 5e Armée. Borków, août 1920.

Le général Józef Haller au front près de Radzymin, août 1920.

L’État-major de la 5e Armée lors de l’élaboration du plan d’attaque. Sur la photo : le général Władysław Sikorski, le lieutenant Rudnicki, le lieutenant Edward Ulanicki, le major Stanisław Rostworowski, le lieutenant-colonel Romuald Wolikowski, août 1920.

Les funérailles du prêtre Ignacy Skorupka et du lieutenant Ryszard Downar-Zapolski à Varsovie, août 1920.

La bataille de Varsovie – le troisième jour

Dès le matin, de violents combats ont eu lieu sur la rivière Wkra. Malgré les crises locales des troupes polonaises, les attaques de l’Armée rouge sont stoppées. Le raid effectué à l’arrière des forces bolcheviques à Ciechanów par la 8e Brigade de cavalerie du général Aleksander Karnicki a joué un rôle important dans ce contexte. Dans un premier temps, le 203e Régiment d’Uhlans du major Zygmunt Podhorski se lance à l’attaque. L’assaut est dirigé contre le Quartier-général de la 4e Armée bolchevique qui, après avoir brûlé ses documents et détruit ses stations de radio, se retire à l’est. La perte de la station radio servant à maintenir la communication entre les troupes et le commandement a des conséquences fatales pour l’Armée rouge. C’est notamment l’un des facteurs qui a permis de sauver la 5e Armée du général Władysław Sikorski détachée pour défendre le périmètre de Modlin et menacée par une attaque venant du nord et du nord-ouest. Un renversement significatif de la situation a lieu à l’avant de la tête de pont de Praga, où le 15 août au soir, après trois jours de combats acharnés, les troupes de l’Armée rouge sont enfin repoussées de Radzymin.

Les membres de la Croix Blanche préparent des colis pour les soldats au front. Varsovie, 1920.

Des représentants du YMCA distribuent de la nourriture et des cigarettes aux soldats sur la route de Radzymin, 1920.

Les soldats bolcheviks faits prisonniers à Radzymin, août 1920.

Une patrouille bolchevique capturée par des soldats polonais près de Varsovie, août 1920.

La mitrailleuse lourde 7,62 Maxim 1910 en position près de Varsovie, août 1920.

Un obusier 155 mm 1917 en action près de Modlin, août 1920.

La bataille de Varsovie – le quatrième jour

De lourds combats se poursuivent sur le tronçon tenu par la 5e Armée polonaise du général Sikorski sur la rivière Wkra, ainsi qu’à l’avant de la tête de pont de Praga. Les troupes bolcheviques, engagées dans les combats avec les défenseurs de Varsovie, ne sont pas été en mesure de réagir rapidement à l’évolution de la situation. Les événements décisifs pour le sort de la bataille et de la guerre polono-bolchevique dans son ensemble se déroulent aux alentours de Dęblin. Le 16 août, à l’aube, commence une contre-attaque polonaise lancée depuis la rivière Wieprz, accélérée par rapport au plan initial. Les troupes du groupe de manœuvre polonais, de la 5e division d’infanterie et de la brigade de cavalerie, sous le commandement personnel du Commandant en chef, maréchal Józef Piłsudski, brisent facilement la mince ligne du groupe bolchevique Mozyrska. Ils gagnent rapidement l’arrière des troupes ennemies prises par les combats près de Varsovie, en menaçant de les isoler et, par conséquent, de les anéantir complètement.

Les soldats polonais au front près de Varsovie, au repos, août 1920.

La préparation d’un repas par des membres des organisations de femmes à l’Auberge des soldats, août 1920.

Un canon de calibre 120 mm 1878/16 pendant les combats en position près de Varsovie, août 1920.

La ligne formée par la 15e Division d’infanterie lors de l’attaque sur le tronçon Wiązowna-Emów, août 1920.

La bataille de Varsovie – le cinquième jour

Les troupes du groupe de manœuvre polonais continuent à poursuivre les unités de l’Armée rouge en retrait. Les troupes de la zone à l’avant de la tête de pont de Praga les rejoignent. Dans la soirée, grâce à un énorme effort de l’infanterie polonaise, les troupes polonaises, frappant depuis la rivière Wieprz, atteignent la route Varsovie-Mińsk Mazowiecki-Brest. La principale ligne d’approvisionnement et d’évacuation des troupes bolcheviques est brisée. Pour l’Armée rouge, la seule chance d’éviter une catastrophe complète est une retraite précipitée vers le nord-est. Au nord, près de Płońsk, le groupe de cavalerie du colonel Gustaw Dreszer et la garnison de Płońsk forcent deux divisions de l’Armée rouge, désorientées en raison de l’interruption des communications, à se retirer. Dans le sud du pays, les forces bolcheviques de la 1ère armée de cavalerie de Semion Boudionny, ignorant la défaite près de Varsovie, continue sa marche vers Lvov, en noyant dans le sang toutes les tentatives de résistance.

Les soldats se reposent autour d’un feu de camps après avoir repoussé les bolcheviks de Varsovie, août 1920.

Le général Lucjan Żeligowski, commandant de la 10e Division d’infanterie lors de l’élaboration d’un plan d’action, août 1920.

Les chars Renault FT-17 traversent Mińsk Mazowiecki, le 17 août 1920.

Le général Leonard Skierski informe les officiers français de l’avancement des actions de poursuite. Sur la photo figure, entre autres, le chef de la Mission militaire française, le général Paul Henrys. Région de Łomża, le 7 août 1920.

La bataille de Varsovie – la finale

Ce n’est que le 18 août 1920 que l’État-major de l’Armée rouge et le commandant du front occidental, Mikhaïl Toukhatchevski, sont informés de la défaite près de Varsovie. S’ensuivent les directives de retrait des troupes de la ligne de la Vistule. La désorientation de l’Armée rouge est attestée par la tentative faite le 18 août de capturer le pont sur la Vistule à Płock par les forces de la 4e Armée et du Corps de cavalerie de Gaya Gai. Les défenseurs de Płock ont tenu le pont malgré les pertes. Sur d’autres sections du front en Mazovie, les troupes de l’Armée rouge poursuivent leur retraite, en empruntant un passage forcé à travers la Prusse orientale. Repoussée de Varsovie, l’armée bolchevique est finalement vaincue lors de la bataille du Niemen en septembre 1920. Les combats de la guerre polono-bolchevique sont interrompus par les attaques de la cavalerie polonaise, la cessation des hostilités intervient en octobre 1920. La guerre se termine le 18 mars 1921 par la signature d’un traité de paix à Riga.

Le chargement de ceintures de munitions par des civils. Nasielsk, août 1920.

Les tranchées creusées dans les rues et les remblais érigés par les défenseurs de Płock, le 18 août 1920.

Les uhlans allemands désarment la cavalerie russe en Prusse orientale, août 1920.

Un groupe de défenseurs de Płock venant de terminer le creusage de tranchées dans les rues, le 18 août 1920.

La traversée des soldats du 68e Régiment d’infanterie de la rivière Narew près de Pułtusk. La poursuite des bolcheviks, août 1920.

Un groupe de soldats, de civils et un prêtre réunis autour des corps des soldats du 1er Régiment de Brigade sibérienne assassinés par les bolcheviks près de Chorzele, le 23 août 1920.

La tombe d’un soldat mort au combat près d’Okuniewo, août 1920.

Les monuments de la bataille de Varsovie

La bataille de Varsovie occupe une place importante dans la mémoire collective des Polonais. Les cimetières abritant les tombes individuelles et fraternelles des combattants polonais de la bataille de Varsovie sont un lieu de culte. Il s’agit notamment du cimetière militaire de Powązki à Varsovie, des cimetières de Radzymin, Ossów, Modlin et des dizaines d’autres nécropoles. Il existe de nombreux monuments aux héros, comme ceux du maréchal Józef Piłsudski ou du père Ignacy Skorupka. Le village d’Ossów invite à visiter son Parc culturel Ossów – La Porte de la Bataille de Varsovie 1920 avec, entre autres, pavillon d’exposition général Tadeusz Rozwadowski et l’école-Mémorial aux héros de la bataille d’Ossów 1920 de l’aumônier major Ignacy Skorupka.
Des monuments et des plaques sont dispersés dans toute la zone de la bataille, à Radzymin, Modlin, Puławy, Ciechanów ou Płock.
En 2020, proclamée l’Année de la bataille de Varsovie, l’on a publié les résultats du concours pour la conception du monument de la bataille. Il sera érigé dans la capitale, sur la place na Rozdrożu. Ce sera un obélisque haut de 23 mètres, symbolisant le renversement du cours de l’histoire en 1920 grâce aux faits d’armes et au courage des Polonais.

Le monument aux morts au cimetière militaire de Powązki, Varsovie.

Les tombes des combattants morts pendant la guerre polono-bolchevique, le cimetière militaire de Powązki, Varsovie.

Monument au père Ignacy Skorupka à Ossów près de Varsovie.

Le projet gagnant du concours pour la conception du monument de la bataille de Varsovie 1920, organisé par la capitale de Varsovie ; auteur : Nizio Design International Mirosław Nizio.

Chapelle au cimetière des morts 1920 à Radzymin.

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